Ariel Goldmann, Président du Fonds Social Juif Unifié

03 juin

Category: ÉDITOTags:

by SPCJ
Ariel Goldmann, Président du Fonds Social Juif Unifié

Difficile de dresser un bilan ou un constat sur l’année 2017/2018 en matière d’antisémitisme tant tout va vite et tout va fort !
Si, comme l’a souligné le Premier Ministre Édouard PHILIPPE le 19 mars 2018, les bilans nationaux relatifs aux actes racistes et antisémites en 2017 sont globalement en diminution de 16% par rapport à l’année précédente, cette baisse globale ne doit pas masquer une autre réalité, l’augmentation des actions violentes à caractère antisémite (97 actions en 2017, après 77 en 2016, soit une augmentation de 20 faits).
Cette augmentation est préoccupante d’autant que les atteintes aux personnes sont passées de 42 en 2016 à 30 en 2017.
La communauté juive de France qui représente moins de 1% de la population est, il faut le rappeler, la cible d’un tiers des actes haineux recensés dans notre pays.
Parmi eux, le meurtre de Sarah ATTAL HALIMI le 4 avril 2017. Dès la survenance de ce drame, à la veille de la fête de PESSAH 5777, la communauté juive organisée a dénoncé le silence de plomb qui a entouré ce drame. Elle s’est sentie très isolée dans cette revendication alors que les faits semblaient parler d’eux-mêmes. Il est regrettable qu’il ait fallu attendre si longtemps pour que le caractère antisémite de cet acte barbare soit reconnu par la Justice.
Mars 2018… soit un an quasiment jour pour jour, deux hommes sont mis en examen pour « homicide volontaire » à caractère antisémite et écroués après le meurtre d’une femme juive de 85 ans, Mireille KNOLL, qui avait échappé de justesse à la rafle du Vel d’Hiv en 1942. Le corps de la malheureuse, lardée de plusieurs coups de couteau a été retrouvé en partie carbonisé dans son appartement du 11e arrondissement où elle vivait seule. Pour ce dernier crime, le caractère antisémite a immédiatement été retenu.
Mars 2012… Mohamed Merah de sinistre mémoire, cible une école juive et tue une fillette à bout portant, et deux garçonnets et leur père. Des gamins tués et un jeune adulte tué parce que juifs. …du jamais vu en France depuis la Seconde Guerre mondiale. Tout le monde se souvient qu’avant sa mort le terroriste barbare avait justifié son acte et expliqué avoir visé une école juive « pour venger les enfants palestiniens. »
Et puisque j’évoque ce monstre, je dois ici dire un mot du procès de ses complices – dont son frère – qui s’est tenu à l’automne dernier devant la Cour d’Assises de la Cour d’Appel de Paris. J’ai eu le lourd privilège d’y assister comme avocat, notamment aux côtés de mes confrères Élie KORCHIA, Patrick KLUGMAN et Philippe SOUSSI pour défendre certaines des parties civiles et notamment la Famille SANDLER.
J’écrirai simplement que la pudeur des familles de victimes –soldats ou victimes d’OZAR HATHORA– a contrasté singulièrement avec l’indécence qui a prévalu du côté des prévenus et je rendrai ici hommage aux familles SANDLER, MONSONEGO, aux familles de soldats et à celles des victimes qui ont assisté avec dignité aux débats.
Je veux également dire, dans la responsabilité qui est la mienne, la fierté que j’ai ressentie en voyant arriver devant la Cour d’Assises ces jeunes gens, élèves ou bénévoles à l’époque des faits de l’École OZAR HATHORA, victimes, témoins directs de la tuerie de TOULOUSE, venus témoigner, dignement, debout, KIPPA sur la tête, dans une tenue impeccable, s’exprimant parfaitement, prêts à affronter sans peur et sans crainte le regard des deux prévenus qui se tapissaient au fond du box des accusés.
Je pense en particulier ici à Yaakov S. et à Dovan M. Ils ont toute admiration pour le courage dont ils ont fait preuve au moment des faits, tout comme devant la Cour. Nous pouvons être fiers de notre jeunesse, elle respire la vie.
Elle est républicaine et citoyenne et incarne l’avenir.
C’est sur cet avenir que je voudrais conclure. Depuis 2006 et l’assassinat d’Ilan Halimi, que nous avons vécu dans notre chair au FSJU, onze personnes ont été tuées en France parce que juives.
C’est tout aussi intolérable, inacceptable que douloureux.
« Les Juifs ne sont pas en sécurité en France » a réagi Malek Boutih à l’assassinat de Mireille KNOLL, une prise de conscience politique qui s’exprime désormais ouvertement face à laquelle le Président Macron réaffirme sa « détermination absolue à lutter contre l’antisémitisme. »
À nous de rester vigilants.